lundi 1 décembre 2014

VOYAGE AU COEUR DE "LA CALENTICA" (KARANE, KARANTICA)
L'ouest algérien a subi une forte immigration andalouse et espagnole. Cette immigration a laissé son empreinte à tous les niveaux; elle est particulièrement contrastée dans "le parler" notamment des oranais. Cet échange linguistique est une preuve de la tolérence et des contacts étroits entre les différentes communautés qui formaient cette population. Par conséquent, de nombreux mots hispaniques sont quotidiennement employés dans l'oral de tous les jours à Oran, dans le domaine de l'alimentation, la pêche, l'habillement...Vous l'avez deviné, cette pénétration de la langue de Cervantes dans le langage oranais est due principalement aux facteurs sociaux et économiques mais aussi aux facteurs géographiques et historiques. En effet, la proximité de l'Algérie par rapport à l'Espagne a toujours constitué un terrain propice pour les échanges migratoires. D'ailleurs, cette position géographique stratégique d'Oran a fait d'elle une proie de choix pour les prédateurs portugais et les espagnoles au cours du XVIeme.
Par exemple: "Trabendo" qui veut dire "contrebande". souvent on entend: " Tu fais quoi dans la vie? Heuuu Trabendo!!!!" ou encore " Ch'rite des chaussures tâa Trabendo, J'ai acheté des chaussures de contrebande". Vêtement de bonne marque, on dit "Marka". Une usine=Fabrika. Le fameux jeu de carte El Ronda qui est dit El Baraja qui vient de l'arabe El Baraka car les voyantes l'utilisaient pour te procurer la Baraka, la bienfaisante. Le ballon ou football, el bola.
D'autres termes: La liste, lista. Un litre, litro. Faire plaisir, Gusto. Fonds marins, fondo. Flèche, flicha. Forme, forma. Visage, figura. Personne chauve, Kalbo. Savates, chankla. Maison en mauvais état, berraka. Pommade, pomada. Noir, negro. Blond ou rouquin, Rokho. Au hasard, chamba...
Je me rappelle ma grand-mère qui me disait: "Hasseb Rassou Bogado, il se croit un avocat (Abogador)"
"Atini Capsa Chemma", donne-moi une boite de tabac à priser.
"Rani Hâb Nechri Torrayco", J'aimerai acheter des Torraos, Les garbanzos tostados ou pois chiches grillés.
Au niveau de la pêch on retrouve, sardina, lacha, khourir, pulpo, boqueron, dorada, mero, bonito.
Sans oublier biensure "Atini miya doro Karane ou Karantica", donne-moi 5 Da de "Calentica". On va s'attarder un peu sur ce mot car c'est le but de cette publication.
La Calentica est un plat simple mais très populaire à l'ouest d'Algérie, très apprécié durant le mois sacré de Ramdan. Il se prépare à base de farine de pois chiches, d'oeufs, d'eau et de sel. Le mot Calentica est dérivé du verbe calentar qui signifie "chauffer". On dit d’une eau qui est chauffée qu’elle est calentida. En langage oranais calentica, on dit d’un pain chaud qu’il est calentico et non calentido. Le diminutif, "ico, ica" est originaire de l’Andalousie et plus précisément de la région de Murcie (Murcia) car Oran a ouvert ses portes aux nombreux réfugiée andalous. D'ailleurs, Oran est fondée par des marins andalous de Cordoue. Revenons à La Calentica, ce plat est le plat par excelence lors de la Wââda de Sidi el Houari, le saint patron d'Oran. Une légende locale raconte que la Karantika était préparée autrefois par des prisonniers laissés par les navires espagnols au large du littoral oranais avec des sacs de pois chiches. ». D'après les vieux d'Oran, la calentica a été inventé dans le fort de Santa Cruz par les militaires espagnols, après avoir été piégés dans ce fort sans disposer de nourriture. Ils mixaient le reste de leurs pois chiches réservés et c'était l'apparition de la calentica.
Je me rappelle, j'attendais avec impatience le son de la cloche de l'école car au casse-croute de 11:00am, j'achetais au prix de 5Da un pain fourré avec de la calentica (karane) chaude et saupoudréee de sel, de poivre et de cumin pour en relever le gout. Mais avant, il fallait goûter "une âabassia, عبّاسية" il s'agit d'un petit morceau pour gouter et ouvrir l'appétit.
À l'époque de l'Andalousie musulmane, ce plat était préparé par les pâtissiers. Puis il a été vendu par des marchands ambulants tout comme aujourd'hui, étrangement, la Calentica est restée toujours le plat du pauvre. Puis les pieds-noirs de la région Provence-Alpes-côte-d'Azur ont importait avec eux cette recette en 1962 car ils l'appréciaient dans des sandwichs surtout avec du Kemmoun (Cumin).

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